Une nuit en ville

• Qu'est-ce que vous faites ?

  Même dans l'obscurité relative du boulevard, le pied photo que je suis en train de replier surmonté du boîtier que je n'ai pas encore démonté ne ressemblent ni à une tondeuse ni à une bétonneuse... Bref, la réponse pourrait sauter aux yeux.

• Je prend quelques images.

• Pourquoi faire ?

  Elle est donc là la vraie question. Pour quoi faire ? Et il me la reposa malgré ma réponse certes un peu vague mais dont il aurait pu se contenter. Disons, pour le simple plaisir de fermer le diaphragme à fond et d'utiliser une pose longue d'au moins quinze secondes...

• pour le plaisir...

• Et vous êtes qui ? Et vous savez qu'il y a des droits et des autorisations à demander ? Et vous savez que c'est un chantier ? Et vous savez que vous êtes sur la voie publique ?

  Ça commençait à faire beaucoup de questions... Et une de plus me chatouillait les neurones : mais dans quel pays sommes-nous ? Bien sûr que je savais tout cela, comme je sais que son bluff ne repose sur aucune législation, que son coup d'autorité ne peut lui permettre de m'interdire de déclencher, d'ailleurs, il me me demandait même pas mes papiers...

• Même les affiches ?

• Il est vrai qu'elles ne devraient pas être là aussi.

• Vous voulez voir ce que j'ai pris ?

• Non !

  Un manque de curiosité certain pour quelqu'un qui voulait exercer les droits conférés par son uniforme. Mais une retenue qui pouvait lui éviter quelques soucis si des fois j'avais utilisé les recours possibles dans ce type de cas. D'autant que la grimace qu'il avait affiché quand je lui avait dit prendre ce petit bout de paysage indiquait qu'il ne goûtait pas à ce type de poésie. Il s'était retenu de porter un commentaire mais son expression en disait assez long comme ça. Il n'aurait plus manquer qu'il sorte l'argument esthétique comme moyen de faire applique la loi.

  Pendant ce temps là, les autres passagers de la voiture -arrêtée en plein milieu de la chaussée- semblaient s'ennuyer ferme. J'aurai bien pousser le bouchon un peu plus loin histoire de savoir jusqu'où ce porte lois était prêt à aller... au risque de visiter leurs locaux. Il était plus de trois heures du matin, j'avais davantage envie de voir les résultats de cette ballade et d'aller me reposer. De la palissade jusqu'à son véhicule, il y a avait trois, quatre mètres que personne ne m'avait demandé de franchir, pas plus qu'il n'avait fait l'effort de sortir. Je préférai garder mon air badin et ma fausse naïveté en terminant de ranger mon matériel. S'il m'avait pris l'envie de faire un repérage pour une effraction quelconque, je m'y serai pris bien différemment.

  Une petite scène ordinaire ? À la limite de l'abus d'autorité, non ? Comme quoi, s'arrêter sur quelques barbelés qui dépassent peut mener à quelques ennuis. Comme quoi, la photo reste une pratique qui peut se révéler dangereuse pour celui qui s'y adonne, sans que ce danger ne provienne de ceux dont on pourrait se méfier.

Comments

[HANDSKA]

C'était dans quelle ville ???? récit bien instructif ! drode de monde en effet qui donnerait bien envie de faire des choses subversives en tout cas..... ça me rapelle vaguement mon arrestation au
jardin du luxembours il y a plus de 15 ans...mon délit, j'avais posé une bande velpo autours d'un tronc d'arbre !!!!! un acte non pas jugé terroriste mais qui EXIGEAIT l'accord du sénat .... il n'a
jamais voulu me le donner , ni le sénat ni aucune mairie d'arraondissement pour aucun arbre parisien.... maintenant ya les réseau sociaux sur le net pour les actes gentiment subversifs, et ce qui
est mignon c'est qu'ils sont chaque fois des centaines....

Je ne fait pas de commentaire sur les images d'en dessous, elle me foutent la pétoche !!!! terroriste va !

[clin d'oeil]

c'état à quelques centaines de mètres de la maison... mais la fin de ton message est peut-être une réponse à cette scène...


Et voilà ce que c'est que de mettre un peu de douceur sur les agressions, c'est parfois très vite suspect...